395px

15 anos atrás

Youssoupha

15 ans en arriere

Je le sais bien que toi tu voulais juste faire du rap
Que les potes bougent un peu la tête même si c'est pas durable
S'agissait pas de faire le thug afin de faire carrière
Avoir le buzz, l'argent du buzz
Quand j'regarde en arrière…
J'le vois très bien que toi tu voulais juste faire du rap
Que l'industrie, les polémiques ça ne t'intéressait ap
Juste kiffer cette musique pour tout ce qu'elle a d'élémentaire
J'te parle à toi qui es moi, quinze ans en arrière

Quinze ans en arrière mon équipe est grande
Ma première claque, ??
J'engrange quelques classiques du rap céfran
Drastique est la cefran elle veut que je pratique le lancé franc
Que j'mette sous plastique toutes mes souffrances
Le casse pipe et les offenses, c'est une erreur de casting et de confiance
J'rap ma défiance sur c'qui va mal
Dans nos favelas un casque de walk man, mon premier texte rappé a cappella
Et là, tu sais le rap à la base c'était un exutoire
Un putain d'cri de l'homme pas une rotca pour faire de toi une star
J'parle plus souvent des mauvais jours que des sunshines
Donc ma chérie garde ton amour je n'vie que d'eau fraiche et de punchlines
Pendant qu'les keufs braillent, les meufs piaillent
Et c'est le bluff style lorsque les reufs graillent en mode thuglife
Dans l'rap j'ai connu trop d'accrocs, j'étais sûr de perdre
Trop de racros sûr d'eux-mêmes, trop de ragots sûr le net
J'ai pu faire taire ceux qui m'attendaient au tournant
Quelques classiques comme « éternel » ou même « les apparences nous mentent »
Pourtant ne me classe pas dans le rap conscient ou le commercial
Parfois je suis content, parfois contraint de dire que nos mères chialent
Insaisissable donc tu parles mal pour me qualifier
Un jour je rap avec I am, un jour je suis pop-starifié
Je sais j'abuse avec toutes mes contradictions
Parfois on brûle mes traductions
T'écoutes la rue j'écoute mes traditions
Tout ça pour dire que j'ai beau piquer ma crise
Critiquer ce rap game mais j'suis tombé dans sa matrice
Cette triste industrie m'a rendu amer
Et j'te le dis à toi le jeune rappeur naïf que j'étais quinze ans en arrière

Je le sais bien que toi tu voulais juste faire du rap
Que les potes bougent un peu la tête même si c'est pas durable
S'agissait pas de faire le thug afin de faire carrière
Avoir le buzz, l'argent du buzz
Quand j'regarde en arrière…
J'le vois très bien que toi tu voulais juste faire du rap
Que l'industrie, les polémiques ça ne t'intéressait ap
Juste kiffer cette musique pour tout ce qu'elle a d'élémentaire
J'te parle à toi qui es moi, quinze ans en arrière

Quinze ans en arrière mon frère, j'm'adresse au jeune passionné de hip hop français que j'étais, lascar adolescent de cergy pontoise. Le jeune moi-même, est-ce qu'il kifferait le délire de l'industrie du rap aujourd'hui ? Est-ce qu'il kifferait même c'que j'suis devenu ? C'est clair y'a des rêves qui ont été réalisés mais à quel prix ? Combien de frères il reste vraiment avec lesquels t'avais commencé ? Combien sont devenus fous, combien sont morts, combien ont trouvés la paix ? Combien se sont planté, est-ce qu'il y a vraiment un plaisir à réussir seul quand on a commencé à plusieurs ? J'pense à R-lik, à Abdulai, ou encore à Frederik, à tout le Chant des loups. Mes frères ma réussite c'est la votre, mes échecs aussi malheureusement. Combien de sacrifices consentis pour cette musique ? A croire que le hip hop j'lai battu de mon cœur, que j'lai saigné de mes veines. J'dois tellement aux mecs du ménage à 3, écoutes le morceau « 3ème underground » et tu vas savoir. Mais quand même j'vais t'avouer un truc c'est dur de vivre dans l'ombre de ses idoles, dans l'ombre de ses grands frères. J'ai tellement attendu qu'ils me donnent ma chance devant la scène… J'les ai parfois trouvé ingrat quand ils me mettaient pas en avant. R, mon frère, j'ai souvent traîné avec toi comme un petit frère mais j'peux compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où tu m'as passé un micro. Pas grave, ça efface pas mon respect pour toi. Et surtout mon premier studio c'est sachons dire non, et ça je l'oublie pas. Dans tout ça y'a ce fou de Philo, qui a quand même passé des années à me pousser, et en même temps Philo c'était même pas la plus grosse star du Ménage. Alors j'crois que parfois j'ai douté qu'un mec comme ça puisse me porter haut, j'ai eu tort. Hey philo ça fait 12 ans que tu crois en moi, 12 ans, tu te rappelles quand tu volais mes maquettes ? Pour les mettre de force dans les compiles de menace record. J't'en voulais mec, j't'en voulais mais j'avais tort encore une fois. Parfois la carrière d'un artiste ça ressemble à une garde à vue, on sait quand on y rentre, mais on sait pas quand on va en sortir. J'ai forcement une pensée pour mes frères d'armes. Tu m'diras vaut mieux être seul que mal accompagné… J'te répondrai vaut mieux être chez Bomayé Musik que d'être seul, c'est l'équipe. S-pi, gros j'essayerai jamais de te changer ni de te couper de la rue mais j'aimerais que tu fasses exploser ce putain de potentiel au plus haut niveau. T'es l'un des meilleurs MC de l'hexagone mais on tourne en rond mon frère, il faut voir plus loin que le coin de ta rue mon frère, tu l'mérites tellement ! J'peux pas vraiment dire de quoi sera fait la suite. J'te parle là, on est le 29 avril j'connais même pas la date de sortie de mon album alors mon avenir dans le rap… Et puis ça dure quoi la carrière d'un artiste au top ? 5 ans, 3 ans, 1 an ? Venez pas me dire que faire du bon rap ça suffit à durer éternellement. Nan ça dépend de tellement de paramètres… Ils sont où des bêtes d'MC comme la Cliqua, des bêtes de groupe comme Express-d, comme les X-men, les Démocrate D ? Il est où Fabe ? Il est où mon frère Diable rouge ? C'était l'un des rappeurs les plus buzzé de sa génération. C'est pour ça que j'avance en essayant de pas perdre ce truc d'il y a quinze ans. J'arrive pas moi à écrire sur commande, à planifier ce qui me révolte. J'ai besoin de kiffer, kiffer avec une boule dans le bide. Kiffer avec la rage, la force, la foi. Faire qu'aujourd'hui dans ma tête et dans mon cœur ça soit un peu comme… One love…

15 anos atrás

Eu sei bem que você só queria fazer rap
Que os amigos balançassem a cabeça mesmo que não dure
Não era pra ser o bandido pra fazer carreira
Ter o buzz, o dinheiro do buzz
Quando olho pra trás…
Eu vejo muito bem que você só queria fazer rap
Que a indústria, as polêmicas não te interessavam
Só curtir essa música por tudo que ela tem de essencial
Falo com você que sou eu, quinze anos atrás

Quinze anos atrás minha equipe era grande
Meu primeiro tapa, ??
Eu acumulei alguns clássicos do rap nacional
Drástica é a cena, ela quer que eu pratique o arremesso
Que eu coloque em plástico todas as minhas dores
O quebra-pau e as ofensas, é um erro de elenco e de confiança
Eu rimo minha desconfiança sobre o que vai mal
Nas nossas favelas um fone de walkman, meu primeiro texto rapado a cappella
E aí, você sabe, o rap no começo era um desabafo
Um grito do homem, não uma rota pra te fazer uma estrela
Falo mais dos dias ruins do que dos dias ensolarados
Então, minha querida, guarda seu amor, eu vivo só de água fresca e punchlines
Enquanto os policiais gritam, as garotas tagarelam
E é o bluff style quando os manos comem em modo thuglife
No rap eu conheci muitos vícios, eu tinha certeza de perder
Muitos viciados em si mesmos, muitos boatos na internet
Eu consegui calar aqueles que me esperavam na esquina
Alguns clássicos como "eterno" ou até "as aparências nos enganam"
Mas não me classifique no rap consciente ou comercial
Às vezes estou feliz, às vezes forçado a dizer que nossas mães choram
Inatingível, então você fala mal pra me qualificar
Um dia eu rimo com I am, um dia sou pop-starificado
Eu sei que exagero com todas as minhas contradições
Às vezes queimam minhas traduções
Você ouve a rua, eu ouço minhas tradições
Tudo isso pra dizer que por mais que eu tenha uma crise
Critico esse rap game, mas caí na sua matriz
Essa triste indústria me deixou amargo
E eu te digo, jovem rapper ingênuo que eu era quinze anos atrás

Eu sei bem que você só queria fazer rap
Que os amigos balançassem a cabeça mesmo que não dure
Não era pra ser o bandido pra fazer carreira
Ter o buzz, o dinheiro do buzz
Quando olho pra trás…
Eu vejo muito bem que você só queria fazer rap
Que a indústria, as polêmicas não te interessavam
Só curtir essa música por tudo que ela tem de essencial
Falo com você que sou eu, quinze anos atrás

Quinze anos atrás, meu irmão, me dirijo ao jovem apaixonado pelo hip hop francês que eu era, moleque adolescente de Cergy Pontoise. O jovem eu, será que ele curtiria a onda da indústria do rap hoje? Será que ele curtiria até o que eu me tornei? É claro que alguns sonhos foram realizados, mas a que custo? Quantos irmãos ainda estão realmente com você desde o começo? Quantos enlouqueceram, quantos morreram, quantos encontraram a paz? Quantos se deram mal, será que há realmente prazer em vencer sozinho quando começamos em grupo? Eu penso em R-lik, em Abdulai, ou até em Frederik, em todo o Canto dos Lobos. Meus irmãos, meu sucesso é o de vocês, meus fracassos também, infelizmente. Quantos sacrifícios feitos por essa música? Acreditar que o hip hop eu bati com meu coração, que eu sangrei de minhas veias. Eu devo tanto aos caras do Ménage à 3, ouça a faixa "3ème underground" e você vai saber. Mas mesmo assim, vou te confessar uma coisa, é difícil viver na sombra dos ídolos, na sombra dos irmãos mais velhos. Esperei tanto que eles me dessem minha chance no palco… Às vezes os achei ingratos quando não me colocavam em destaque. R, meu irmão, eu muitas vezes andei com você como um irmão mais novo, mas posso contar nos dedos de uma mão quantas vezes você me passou o microfone. Não tem problema, isso não apaga meu respeito por você. E principalmente meu primeiro estúdio é "sabe dizer não", e isso eu não esqueço. No meio disso tem esse maluco do Philo, que passou anos me empurrando, e ao mesmo tempo, Philo nem era a maior estrela do Ménage. Então eu acho que às vezes duvidei que um cara assim pudesse me levar alto, eu estava errado. Ei Philo, já faz 12 anos que você acredita em mim, 12 anos, você se lembra quando você roubava minhas maquetes? Pra colocar à força nas compilações da ameaça record. Eu te queria, cara, eu te queria, mas eu estava errado mais uma vez. Às vezes a carreira de um artista parece uma prisão, a gente sabe quando entra, mas não sabe quando vai sair. Eu tenho que pensar nos meus irmãos de armas. Você vai me dizer que é melhor estar sozinho do que mal acompanhado… Eu te responderia que é melhor estar na Bomayé Musik do que estar sozinho, é a equipe. S-pi, mano, eu nunca tentarei te mudar nem te cortar da rua, mas eu gostaria que você explodisse esse puta potencial no mais alto nível. Você é um dos melhores MCs do hexágono, mas estamos rodando em círculos, meu irmão, é preciso olhar além da esquina, você merece tanto! Eu não posso realmente dizer o que será o futuro. Eu te falo agora, é 29 de abril, eu nem sei a data de lançamento do meu álbum, então meu futuro no rap… E quanto dura a carreira de um artista no topo? 5 anos, 3 anos, 1 ano? Não venha me dizer que fazer um bom rap é suficiente para durar eternamente. Não, depende de tantos parâmetros… Onde estão os monstros do MC como a Cliqua, os monstros do grupo como Express-d, como os X-men, os Democrata D? Onde está Fabe? Onde está meu irmão Diabo Vermelho? Ele era um dos rappers mais badalados da sua geração. É por isso que eu sigo em frente tentando não perder essa essência de quinze anos atrás. Eu não consigo escrever sob demanda, planejar o que me revolta. Eu preciso curtir, curtir com um nó no estômago. Curtir com raiva, força, fé. Fazer com que hoje na minha cabeça e no meu coração seja um pouco como… One love…

Composição: